Des différentes méthodes de travail

Stephen King a écrit en 2000 On Writing, a Memoir of the Craft, traduit par William Olivier Desmond, publié en 2001 par Albin Michel sous le titre Écriture. Mémoires d’un métier.
Dans ce livre, il expose sa façon de travailler, la naissance de son goût pour l’écriture et prodigue quelques conseils pour ceux qui veulent écrire.
Comme il a quelques livres à son actif, dont certains ont été plutôt bien accueillis par les lecteurs, il peut être intéressant de suivre certains de ces conseils.
Si James Ellroy expliquait se baser sur un plan de rédaction très détaillé, King a une approche différente.
Pour lui, l’auteur de fiction doit mettre au jour le fossile d’une histoire préexistante. Comme toutes les histoires existent déjà, tout planifier à l’avance est inutile, l’histoire se déroulera d’elle-même. Aussi nous dit-il d’écrire, et de voir où les personnages et la situation nous mènent.

Comment des personnages peuvent-ils guider leur créateur ?

Assez simplement, en réalité.
Prenez un personnage dans une situation de départ. Vous exposez cette situation, présentez ce personnage, et commencez à rédiger. Au fur et à mesure que votre récit avance, de nouvelles idées découlent des différentes actions.
Vous pouvez choisir de vous en tenir à votre idée de départ, pour peu que vous ayez déjà pensé à la fin de l’histoire, ou suivre cette nouvelle idée. Si vous vous lancez vers l’inconnu, vous devrez ensuite aviser au fil de la rédaction, et vous verrez où vos personnages vous mènent.
Ce même Stephen King explique s’être trompé sur certains de ses personnages, et les découvrir au final bien différents de ce qu’il avait cru.

Quelles conséquences pour l’auteur ?

Avec le recours à un plan de rédaction détaillé, le travail préparatoire est considérable, mais vous n’avez plus qu’à le suivre et dérouler votre histoire une fois qu’il est terminé. Si vous êtes intimidé par l’écriture d’un texte long, le plan peut vous rassurer.
Si vous vous sentez l’âme d’un aventurier, sautez sur votre idée et lancez-vous, vous verrez bien où vous arrivez. Le risque, c’est l’impasse. Si la fin de votre récit n’est pas satisfaisante du point de vue de l’intrigue, vous devrez revenir sur vos pas et prendre une autre direction dans le dédale des possibles du texte.
Ce choix s’explique par la conception de l’écriture de King. Pour lui, l’intrigue ne sert à rien, puisque vous racontez une histoire, et que dans les histoires comme dans la vie, il n’y a pas d’intrigue prédéfinie, juste une suite d’évènements sur laquelle les personnages n’ont pas toujours prise.
Stephen King a également plutôt tendance à écrire d’abord et faire des recherches ensuite, au cours des différentes relectures. De toute manière, dans la mesure où il n’écrit que dans des univers proches du nôtre, les recherches restent plutôt circonscrites.

Et quoi d’autre ?

Un autre conseil que donne Stephen King, c’est d’écrire dans un premier temps sans rien communiquer du texte, puis de le tester sur quelques lecteurs choisis après un premier tour de corrections. Ces premières corrections servent à retirer les coquilles, les adverbes inutiles et à vérifier la cohérence du texte. Lors des corrections suivantes, il va retirer ce qui n’appartient pas à l’histoire. Les lecteurs-test correspondent à un « lecteur idéal », à destination duquel il écrit.
Voilà la magie de l’écriture : chaque méthode est valable, du moment qu’elle vous convient.
Si vous envisagez un projet d’écriture plutôt collaboratif, intégrez vos lecteurs durant toutes les phases de rédaction.
Si vous préférez dévoiler votre texte une fois achevé, faites-le, personne ne pourra vous le reprocher (ou alors, n’écoutez pas ces importuns).
Un des seuls conseils universels donné dans Écriture. Mémoire d’un métier, c’est « écrivez ». Si vous aimez cela, écrivez. Vos textes déplairont toujours à certains, mais plairont aussi sûrement à d’autres. Alors si vous voulez vous lancer, faites-le.

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