Les fresques

L’école d’Athènes, Raphaël.

 

Le terme de « fresque » vient au départ de la peinture. Faire une fresque consistait à peindre sur un support mural non encore sec. Parce que les réalisations des grands maîtres étaient parfois monumentales, le sens a glissé pour désigner une œuvre de grande envergure.

En littérature, une fresque désigne une « importante composition offrant un caractère grandiose par l’importance des moyens mis en œuvre ou par la reconstitution historique qu’elle cherche à offrir ».

Quelle différence avec une saga ?

Il y a assez peu de différences entre une saga et une fresque romanesque. Les deux comportent plusieurs volumes. En revanche, les intentions des auteurs sont bien distinctes. Une saga a une visée de divertissement, quand les fresques ont des ambitions plus « élevées ».

Le terme de “fresque” ?

Dans les recherches sur les genres littéraires, le nom de « fresque » apparaît de façon très aléatoire. D’autres termes qui recoupent les mêmes descriptions existent cependant. On parle de romans-fleuve ou encore d’œuvres-monde. On trouve également des précisions sur les contenus des romans, avec les fresques sociales, familiales ou historiques.

Tous ces qualificatifs se rapportent tout de même à un concept unique : une œuvre de fiction qui représente de la façon la plus fidèle possible la réalité d’une époque.

Quelques grandes fresques

Les Thibault, Roger Martin du Gard.

Le Cycle du hussard, Jean Giono.

Les Rougon-Macquart, Émile Zola.

La Comédie humaine, Honoré de Balzac.

 

Attardons-nous sur ce dernier exemple.

La Comédie humaine est composée de 95 volumes, publiés durant plus d’une vingtaine d’années, dont certains n’ont pas été achevés. Cette œuvre-monde comporte des titres tels que Le Père Goriot, La Peau de chagrin, La Cousine Bette ou encore Eugénie Grandet. Ces noms doivent vous évoquer des souvenirs, attendris ou horrifiés, de vos années d’école.

De nombreux élèves reprochent à Balzac de tout décrire par le menu, ce que l’intéressé ne pourrait même pas renier, puisqu’il s’agit là de son intention de départ. Dans l’avant-propos de La Comédie humaine, Balzac revient sur ses motivations : « Si Buffon a fait un magnifique ouvrage en essayant de représenter dans un livre l’ensemble de la zoologie, n’y avait-il pas une œuvre de ce genre à faire pour la société ? » « Avec beaucoup de patience et de courage, je réaliserais, sur la France au dix-neuvième siècle, ce livre que nous regrettons tous, que Rome, Athènes, Tyr, Memphis, la Perse, l’Inde ne nous ont malheureusement pas laissés sur leurs civilisations, et qu’à l’instar de l’abbé Barthélémy, le courageux et patient Monteil avait essayé pour le Moyen-Âge, mais sous une forme peu attrayante. »

Avec un tel point de départ, il était difficile d’obtenir autre chose qu’un résultat monumental.

Balzac est également classé dans les auteurs réalistes. Ses personnages, qu’il veut être des échantillons de la société du xixe siècle, ne connaissent que des rebondissements plausibles. La misérable paysanne ne deviendra pas princesse, on n’est pas dans un conte de fées. Il ne livre cependant pas un jugement moral sur ce que font ses personnages, puisque : « Aussi ne dois-je entrer ni dans les dissensions religieuses ni dans les dissensions politiques du moment. »

Comme il veut que son travail soit une représentation de la société et d’une époque, il ne peut pas se positionner, ne sachant quel cours prendra l’Histoire.

 

Si des fresques d’autres auteurs se concentrent sur quelques personnages, par exemple d’une même famille – comme dans Les Thibault de Roger Martin du Gard – certains protagonistes de La Comédie humaine sont récurrents sans être centraux.

Voilà un exemple parfait d’une œuvre sur plusieurs volumes, qui se démarque de la série ou de la saga par l’ambition de son auteur. Et quelle ambition !

Balzac disait que son éditeur, quand il avait présenté son intention, lui avait souhaité de disposer d’assez de vie pour en venir à bout. Voilà peut-être son échec, il n’a pas tenu suffisamment longtemps pour achever son œuvre, qui a pourtant marqué l’Histoire.

Sources :

La Comédie humaine, Honoré de Blazac, texte intégral de l’édition Furne, achevée en 1855, soit 5 ans après la mort de Balzac.

CNRTL, « fresque ».

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