Dans la continuité de la création d’une fiche détaillée de vos personnages (lien), vous pouvez pousser votre démarche à l’ensemble de votre livre.
Lors d’une interview donnée à la matinale de France Inter le 14 novembre 2019, James Ellroy, auteur américain renommé de polars présentait la méthode utilisée pour l’écriture de son roman La Tempête qui vient : un plan minutieusement détaillé de 500 pages, pour un texte final de 700 pages.
Mais à quoi sert ce plan de rédaction ?
Dans l’écriture de fiction, vous pouvez adopter deux stratégies : trouver un point de départ et suivre l’histoire au gré de votre inspiration, au risque de n’aboutir nulle part, ou définir un point de départ et une conclusion, puis dérouler le fil de votre histoire en sachant où vous allez.
Si vous privilégiez la version « pelote » de l’écriture à sa variante vagabonde, vous pouvez transformer votre fil directeur en une trame très précise, qui vous remettra dans le droit chemin à chaque fois que vous prendra la fantaisie de vous en écarter.
En défenseur du papillonnage scriptural, vous trouverez Laurent Petitmangin, publié pour la première fois en cette rentrée littéraire 2020, qui admet son plaisir à écrire des débuts de romans, sans savoir au préalable s’ils auront un terme ou ne resteront qu’une ébauche.
Comment faire ?
Pour reprendre l’exemple de James Ellroy, il explique qu’il a tout d’abord, sur 300 pages, détaillé dans les moindres détails l’histoire, les personnages, les liens entre les personnages, les éventuelles relations amoureuses ainsi que l’enquête qui constitueront plus tard son roman.
Puis, comme pour une bonne pâte à pain, il a mis ces notes de côté et les a laissées mûrir.
Il a ensuite construit un plan très détaillé du déroulé de chaque chapitre, en y intégrant des diagrammes.
Mais pourquoi ?
Parce que, d’après lui, ce cadre permet d’improviser une fois qu’il se lance dans la rédaction proprement dite.
D’aucun pourrait arguer que l’improvisation n’est que très limitée quand tout est déjà tracé et détaillé du début à la fin, mais cela recoupe les improvisations en jazz, où chacun prend sa liberté à partir d’une base prédéfinie et travaillée au sein des groupes. Sans tomber dans un tel extrême de détails, vous pouvez vous aussi bâtir un plan avant de rédiger votre texte afin de vous appuyer dessus, de vous y reporter quand vous avez un doute, voire de vous rassurer durant la rédaction en vous en servant de boussole ou de fil d’Ariane.
Par ailleurs, James Ellroy n’est pas le seul à fixer par avance le début et la fin de ses textes. Ainsi, George R. R. Martin, auteur de Game of Thrones, a lui-même dévoilé la fin de sa saga aux scénaristes de la série télévisée, alors qu’il est très loin d’avoir fini la rédaction des romans, le tome 6 ayant déjà deux ans de retard sur la publication prévue.
Si les plans de rédaction s’inscrivent plutôt dans la tradition des writing studies américaines et de leurs « recettes » d’écriture et sont très loin d’une vision « noble » de la littérature française, il serait dommage de ne pas s’inspirer du savoir-faire d’auteurs reconnus mondialement.
Sources :
- France Inter, Le Grand entretien du 14 novembre 2019 (11 minutes 40 pour le passage qui nous intéresse).
- France Inter, Le Grand entretien du 20 août 2020.
- La tempête qui vient, James Ellroy, trad. Jean-Paul Gratias et Sophie Aslanides, Rivages Noir, 2019.
- Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin, La Manufacture de livres, 2020.
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