Le merveilleux et la fantasy

Dans les littératures de l’imaginaire, ces deux genres, même si la magie y est admise, sont pourtant différents.

Le merveilleux

Vous le connaissez, c’est lui qui a bercé votre enfance et vous a fait faire des cauchemars. Les contes appartiennent au merveilleux. Dans un monde qui peut être le nôtre, un évènement survient, clairement magique, que le lecteur accepte comme tel. Le conte est mis à distance de la réalité par la formule consacrée « il était une fois », qui, sans introduire d’univers parallèle, l’éloigne de la réalité du lecteur. Ainsi, il suffit d’une bourgade comme il en existe tant, précédée de la mention « il était une fois », pour que personne ne s’étonne qu’une invasion de rats soit réglée par un joueur de flûte. C’est également la distance instaurée qui permet d’accepter que le même joueur de flûte noie tous les enfants de la ville pour apprendre aux adultes à respecter leur parole. Si c’est magique, pas besoin de s’embarrasser de demi-mesures.

De même, le genre de la fable utilise le merveilleux pour faire passer une morale. Dans les Fables de La Fontaine, ce sont certes des animaux qui sont mis en scène, mais si clairement anthropomorphes que le message est accessible à tous.

La fantasy

Ce genre est une sorte de fourre-tout. Tant qu’il y a une once de magie, chaque texte est le bienvenu. C’est là que vivent fées, sorcières, mages, monstres et dragons, dans des mondes qui n’ont parfois que peu de liens avec le nôtre.

Vous pouvez placer votre aventure dans un monde médiéval, ce sera alors du « médiéval fantastique », ou avoir recours à des univers parallèles, créer des dystopies, des anachronies.

La constitution de votre monde pour un roman de fantasy vous demandera beaucoup de travail. Si vous installez votre intrigue dans notre monde réel en l’épiçant de magie, il vous faudra coller à l’époque, et donc vous documenter dans le détail, effectuer un vrai travail de recherche préalable.

Si vous créez de toute pièce un univers, n’hésitez pas à établir un plan de rédaction, en essayant de penser à tous les détails. Inspirez-vous de ce que les grands auteurs de fantasy ont déjà fait. Parmi les très grands, il y a évidemment J. R. R. Tolkien, avec Le Seigneur des anneaux comme œuvre maîtresse, à laquelle il faut ajouter Le Hobbit, Le Silmarillion, ainsi que les ouvrages annexe de cet univers, sans oublier la création de la langue elfique, graphie incluse. Dans le domaine de la fantasy, mais à la limite de l’absurde, penchez-vous sur Les Annales du Disque-monde, de Terry Pratchett. Dans plus de quarante romans, l’auteur développe l’histoire de plusieurs personnages à différents endroits de son monde, et cela sans compter les livres sur la géographie, la cuisine et le panthéon.

Prenez le temps de considérer des éléments que vous n’utiliserez peut-être jamais. Il vaut mieux les avoir créés pour rien plutôt que de coincer sur un détail durant la rédaction, ou, dans les œuvres longues, de se tromper et donner deux indications contradictoires.

Toutefois, l’infini des possibles ne dispense pas d’essayer de garder une certaine vraisemblance. Prenez un dragon à douze paires d’ailes. Il vole vite, tourne facilement, mais se prend les griffes dans ses ailes à chaque fois qu’il se pose, faute de place pour les replier le long de ses flancs.

Les œuvres du merveilleux ou de la fantasy peuvent sembler destinées à la jeunesse, ou à de jeunes adultes, mais faire lire Cendrillon dans sa version non édulcorée (pour rappel, les sœurs se coupent des morceaux de pied pour entrer dans la pantoufle, et la belle-mère meurt d’épuisement à force danser avec aux pieds des chaussures de métal chauffé à blanc) ou Le Seigneur des anneaux (qui commence par 10 pages sur l’herbe à pipe) à des enfants peut s’apparenter à de la cruauté.

Ciblez votre lectorat, et gardez-le en tête tout au long de l’écriture.

Sources :

  • Le joueur de flûte de Hamelin, Jacob et Wilhelm Grimm (une version parmi tant d’autres).
  • Le Seigneur des anneaux, J. R. R. Tolkien, trad. Daniel Lauzon, 2014-2016, Christian Bourgois Éditeur.
  • Le Silmarillion, J. R. R. Tolkien, trad. Pierre Alien, 2005, Christian Bourgois Éditeur.
  • Le Hobbit, J. R. R. Tolkien, trad. Daniel Lauzon, 2012, Christian Bourgois Éditeur.
  • Les Annales du Disque-monde, Terry Pratchett, trad. Patrick Couton, 1983-2015, L’Atalante.
  • Cendrillon, Charles Perrault (une version parmi tant d’autres).
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