Le récit familial

Vous avez recueilli le témoignage de la personne dont vous voulez raconter l’histoire. Vous avez passé du temps à vérifier, compléter et corriger les informations. Après un travail déjà conséquent, le plus dur est devant vous : la rédaction.

Il vous faudra opérer des choix, à commencer par le mode de narration, ainsi qu’éviter quelques écueils, dont la création d’une vendetta familiale est peut-être le pire.

La narration

Deux grandes possibilités s’offrent à vous.

Vous pouvez rapporter l’histoire à la troisième personne, au passé. C’est la forme classique des romans. « Tout » ce que vous aurez à faire, c’est dérouler votre récit à partir de vos notes sans rien oublier.

Ou vous pouvez vous mettre en scène dans un récit à la première personne. Imaginez. Vous retracez les pas de votre « héros », visitez les lieux clés de l’histoire, et, peut-être par des flashbacks, vous racontez les évènements. C’est plus ambitieux et plus risqué. Du point de vue rédactionnel l’aventure s’annonce intéressante. La difficulté tient à la distinction entre vos pérégrinations et les souvenirs. Si vous choisissez les temps du passé, vous aurez un couple passé simple/plus-que-parfait, et du passé antérieur. Vous risquez de passer beaucoup de temps le nez dans votre Bescherelle, pour un résultat assez indigeste. Si vous faites une distinction présent (vous) et passé (la vie de votre aïeul), vous serez plus à l’aise avec les temps. Une partie importante du travail de relecture et de correction consistera à vérifier que les bons temps sont appliqués aux bons passages. Cela vous demandera beaucoup de rigueur, mais si vous le voulez, vous pouvez le faire.

Après l’écriture

Si vous destinez votre ouvrage à une diffusion intrafamiliale, votre seule solution est l’auto-édition. Faites appel à des prestataires capables de gérer la production à votre place, vous serez certain que le résultat sera à la hauteur de ce que mérite l’histoire dont vous témoignez (pour une évaluation gratuite de votre manuscrit, utilisez notre outil).

Une fois vos exemplaires reçus, vous allez, fier de vous, le donner à vos proches. Selon l’ambiance dans votre famille, et à laquelle vous ne pouvez probablement rien, plusieurs réactions sont possibles.

L’approbation générale

C’est bien, vous avez été habile et avez réussi à ménager la chèvre et le chou tout en flattant les égos de tous. Les louanges que vous recevrez ne seront pas toutes sincères, mais vous aurez votre boîte de chocolats à Noël prochain.

Un accueil réservé mais poli

Sans blesser personne, votre texte ne suscite pas l’admiration. Travaillez votre style, vous pouvez vous améliorer.

La catastrophe

Vous n’aviez pas pensé à eux, mais la branche de cousins avec laquelle vos parents ont pris leurs distances depuis longtemps n’apprécie pas du tout, mais alors pas du tout, que vous ayez omis de mentionner que si votre grand-mère a pu faire un si bon mariage, c’est parce qu’elle n’a pas respecté le partage des biens voulus par vos arrière-grands-parents et a gardé le service de mariage entier au lieu de le répartir entre tous les héritiers. Voilà, vous venez, malgré vous, de raviver une vieille rancœur. Chacun sera amené à prendre parti, et c’est la fin de votre tranquillité.
Si le conflit s’arrête là, c’est désagréable, mais bénin. La situation devient problématique quand, à force de discussions enflammées, l’une des personnes qui s’est sentie lésée porte plainte pour injure ou diffamation. Ils se sont sentis blessés, atteints dans leur honneur, et c’est leur droit le plus strict.
Il est souvent difficile de prouver l’injure ou la diffamation, mais votre livre constitue la preuve, et ce qui était au départ un hommage à l’histoire d’un membre de votre famille devient un combat en justice pour vous blanchir.

Vous connaissez votre famille. Si des tensions préexistent, envisagez de différer la divulgation de votre texte jusqu’à ce que la situation s’apaise.

Vous ne savez pas comment vous lancer dans la rédaction ? Demandez l’aide d’un biographe.
Choisissez quelqu’un ayant déjà écrit des récits de vie. Vous en trouverez sur notre page « réseau pro du livre ». Idéalement formé dans le domaine social ou la psychologie, il devient avec vous co-détenteur de vos secrets de familles et c’est important pour vous que vous vous sentiez entendu et compris. Attention avec qui vous vous engagez car ce n’est pas anodin de faire ressortir de vieilles souffrances. Si le professionnel de vous convient pas, sentez-vous libre de le quitter. Gardez à l’esprit que vous ne rédigerez vos mémoires qu’une fois dans votre vie. Attention donc de bien vous faire accompagner. Un biographe facture le plus souvent à l’heure d’écriture qui comprends : une heure d’entretien avec vous + une heure de rédaction. Comparez donc le temps passé à l’écriture ainsi que le taux horaire pour vous donner une idée.

 

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